HÖLDERLIN ÉTAIT-IL FOU ?
Question étrange.
Presque pauvre.
Ce qu’il convient d’établir, c’est la
stratégie qu’il échafaude pour tenter d’extraire cette épine en lui qui jamais
ne sommeille et qui l’isole au milieu des autres, au milieu du monde et du
temps.
Qu’on se rassure, il ne s’agit pas de proposer une nouvelle
lecture psychanalytique de Hölderlin. Mais comprendre bien plutôt le message
que le poète livre à la psychanalyse.
Se montrer sensible à la parole, est-ce autre chose que
laisser émerger le poème-interprète en chaque-Un quand la machine-rie du
langage se met en branle ? En cherchant sa formule et son rythme, le poème
propose une interprétation du symptôme dont je dis qu’il se fait l’éclos d’une
identification qui ne saurait se résoudre à l’identité. Il ne s’agit donc pas
d’interpréter le poème, de l’extérieur, fort d’un prétendu savoir (ou pire,
d’une sensibilité nouvelle) ; mais voir comment le poème interprète le
symptôme – ici la forclusion – pour le renverser en saintom d’un nouveau dire.
Proposition
clinique qui emprunte à la lettre de l’inconscient, comme au Joyce de Lacan.
Mais qui repose en fait comme un sédiment naturel dans le lit de la
psychanalyse depuis Freud qui avertit : « chaque homme recèle un
poète », avant d’ajouter que « le dernier poète ne mourra qu’avec le
dernier homme ».