Seuls le livre et l’estampe permettent de convoquer l’énergie nécessaire pour se
mettre en retrait de la praxis et protéger, dans un élan
aussi illusoire que salvateur,
ce qu’il reste de nous après qu’ait soufflé le vent de la tempête.
Rester en retrait des vents dominants et des résistances symptomatiques auxquelles
ils contraignent. A l’heure où il faut en être et au moment
où la vitesse fait loi, le
Retrait est politique.
Les éditions le Retrait s’en font l’écho dans les domaines
de la philosophie, de
la littérature, de la psychanalyse et des arts. Commentant les oeuvres d'Orwell et Winnicott, Jean-François le Goff note: "Le vrai self (que le faux self protège) reste personnel, intime et secret. Il témoigne qu'être en vie est une expérience qui ne se partage jamais totalement. Dans le vrai self, il y a toujours de la solitude et du retrait".
« La retraite est révolte. Gagner sa cabane, c'est disparaître des écrans de contrôle. L'ermite s'efface. Il n'envoie plus de traces numériques, plus de signaux téléphoniques, plus d'impulsions bancaires. Il se défait de toute identité. Il pratique un hacking à l'envers, sort du grand jeu ».
Donner vie à ce qui s’éprouve. Privilégier la pulsion, fût-ce celle d’un mourir et ses impacts renversants, plutôt que ce qui pèse et qui s’épuise à expliquer. Où se cache alors l’objet ? Dans ce qui se refuse en faisant barrage à l’ennui. Dans la dialectique du beau et, disons-le, d’une certaine intranquillité. Pas de collections aux éditions le Retrait mais des livres, des livres illustrés, des estampes.
Retrait critique donc qui prend la forme du livre et sa
raison d’être résolument Old
Style. Editions ou rééditions, les livres installent une expérience, un Retrait du
monde, un instant dans la reconduction de l’Histoire, une "dialectique à l’arrêt" comme dit Walter Benjamin.
Composés sur la base d’un maillage du texte et du dessin, les livres illustrés
sont
travaillés par une obsession faisant jouer l’asymétrie contre l’ustensilaire, le
pathologique contre le normatif, la confidence contre la démonstration. Chaque livre est composé sur un papier choisi (Olin, Vergé, Johannot...) et tamponné à la main du sceau de l'éditeur, conservant ainsi un rapport artisanal à l'objet.
Les Estampes font appel à une certaine solitude, une presque mélancolie, pas encore une nostalgie tant il est vrai que la vie passée n’offre pas la possibilité de se déclarer tout à fait à l’aise avec elle. Les éditions le Retrait publient les travaux des créateurs qui ont collaboré pour les livres illustrés.
"Pourquoi, alors, ne pas se retirer en convive rassasié?"
Lucrèce, La Nature des choses